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L’ENFANT

ville à villette, sente à sentier, âtre à tison, et quasi herbelette à herbe.


Tandis que les violes divertissaient le peuple sur la reposade du « Gravier », un jeune garçon qui musait dans les rues désertes, le long du rempart d’Agen, s’arrêta près d’un vieux paysan qu’il jugea, non sans quelque bout de malice, furieux et embarrassé.

— Eh done ! lui dit-il, à quoi pensez-vous devant ce tonneau, papette ? Vous voulez savoir, je devine, si votre vin est bon.

Le paysan regarda de travers celui qui parlait, il vit un enfant.

— Crodi ! donneur de conseils déjà ! Va-t’-en jouer sur la reposade, follet !

L’enfant quitta la rue, entra dans le courtil, et mettant un bras sur la pièce :

— Quand un homme du métier de la vigne va visiter une pièce de vin, il ne demande pas : Est-il blanc ? sent-il mauvais ? a-t-il les cerceaux brisés ? On ne juge les maladies que par l’intérieur. Il y regarde lui-même. (L’étrange enfant ouvrit la bonde) Puis, des deux mains, il donne un grand coup de poing de chaque côté du fond. Frappez de ce côté, grand-père, j’ai le bras trop court.

Les deux poings retentirent.

— Alors la vapeur s’en va par en haut, et ainsi on reconnaît…

L’enfant s’interrompit, flaira la bonde :