Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/11

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eux la baronnie d’Haussonville, que nous avons commencé à porter le nom d’Haussonville, qui est un nom de terre, en conservant les armes de Cléron.

Je reviens à mon grand-père. Toutes les personnes qui l’ont connu me l’ont représenté comme haut de taille, assez bel homme, fort imposant, se plaisant à exercer l’empire le plus absolu autour de lui, en particulier sur ses enfants. MM. de Laguiche et de Clermont-Montoison, ses gendres, qui m’en ont plusieurs fois parlé, l’ont, toute sa vie, grandement respecté et un peu redouté. Mon père lui-même ne fut jamais bien à son aise avec mon grand-père, qui prolongea fort tard l’exercice de son autorité paternelle, l’étendant même, comme cela était de tradition dans certaines familles, aux choses les plus insignifiantes. J’ai ouï dire qu’au camp de Lunéville, à une époque où mon père, déjà officier et présenté à la Cour, portait l’uniforme d’aide de camp, mon grand-père lui disait quelquefois à haute voix d’un bout du salon à l’autre, devant tout le corps des officiers : « Monsieur mon fils (il ne l’appelait jamais autrement), ne me ferez-vous pas la grâce d’ôter vos mains de vos poches ? » Une fois, à la chasse à courre, dans un moment de hâte où chacun partait au galop à la suite des chiens, mon père, leste et pressé, s’était d’un saut élancé sur un cheval qu’il tenait en main. « Qu’est-ce à dire, monsieur mon fils, depuis quand monte-t-on sur un cheval par sa droite, s’écria