Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/72

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esprit tout semblable qui prirent le nom de réunions Mortemart et plusieurs fois on se donna rendez-vous chez lui pour s’entendre sur l’opposition à faire aux mesures du ministère de M. de Villèle, dont mon père s’était porté l’adversaire résolu. À la Cour, où l’on ne pouvait douter de l’attachement de mon père et de son peu d’ambition, on ne comprenait rien à cette conduite. « Mais d’où vient donc le mécontentement de M. d’Haussonville, disait Charles X ? Est-ce qu’il voudrait qu’on le fît Duc ou grand-Louvetier. Encore faudrait-il au moins qu’il prît la peine de le demander. » Mon père n’avait rien à demander, car, en réalité, il ne souhaitait rien, sinon de pouvoir détourner à temps un malheureux prince de la voie funeste où il s’engageait alors et qui le conduisit aux abîmes. Lors du ministère de M. de Martignac, mon père fut nommé secrétaire de la Chambre des pairs. En cette qualité, il allait, avec le bureau de la Chambre, porter, de temps à autre, aux Tuileries, les lois qu’avait votées la Chambre. Charles X retenait toujours le bureau pour causer ; la loi récemment votée servait habituellement de point de départ à la conversation, mais bientôt on passait à des généralités politiques. Non-seulement le Roi, qui s’adressait plus volontiers à mon père parce qu’il l’avait connu en émigration, tenait dans ces occasions un langage parfaitement constitutionnel, mais il semblait mettre quelque empressement et pres-