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paraître dans ma chambre : ainsi le veulent l’étiquette et la propreté de la natte qui me sert de siège, de lit et de plancher. Donc, je suis chaussé simplement avec des bas de coton. Quant à la pipe, elle sert de contenance en voyage, dans un pays où tout le monde fume ; cependant je n’ai pu encore arriver à en comprendre les charmes, bien que j’aie essayé, et même que je me sois rendu malade deux fois, ce qui m’a ôté toute envie de recommencer. Aussi mes gens s’étonnent-ils de voir que le père fume beaucoup moins que la bonne femme qui fait cuire son riz. »

Complétons ces détails à l’aide de renseignements puisés dans diverses lettres des autres missionnaires. Les maisons coréennes sont en général très-petites et peu commodes. Elles sont un peu élevées au-dessus du niveau du terrain pour donner passage par dessous aux tuyaux qui conduisent la fumée de la cuisine. À la capitale cependant, cet usage n’est pas toujours suivi. C’est assez commode en hiver, mais en été la chaleur devient un supplice insupportable, et la plupart des habitants couchent dehors. Les riches ont le plus souvent des chambres d’été, sous lesquelles ne sont point pratiqués de conduits de ce genre. Dans les maisons ordinaires il y a deux chambres contiguës, rarement trois, sans compter la cuisine située de côté, et qui est ouverte à tous les vents. Tout autour de la maison, la toiture en paille de riz dépasse le mur de trois ou quatre pieds, de façon à former de petites galeries couvertes. Les murailles des maisons riches sont recouvertes de papier blanc à l’intérieur, quelquefois aussi à l’extérieur. Du reste, ces maisons ont presque toujours un aspect sale, délabré, misérable, même à la capitale, et partout et toujours sont remplies de vermine de toute espèce.

Les auberges le long des routes sont des taudis dégoûtants où l’on ne trouve à peu près rien ; le plus grand nombre des voyageurs portent avec eux leurs provisions, quand ils ont le moyen d’en avoir. Les granges et écuries sont inconnues ; de grands hangars, ouverts des quatre côtés, les remplacent, et en hiver, quand le froid est trop violent, on habille de paille les bœufs ou les chevaux qui y sont réunis.

Les tables à manger sont hautes de trente à cinquante centimètres, et larges d’autant, de forme à peu près ronde. Quel que soit le nombre des convives, chacun doit avoir la sienne. La vaisselle de porcelaine grossière ou de cuivre, ne consiste qu’en écuelles de différentes grandeurs, une paire de bâtonnets à la chinoise, et une cuiller en cuivre. Les mets ordinaires sont du riz, du piment, quelques légumes ; les gens à l’aise y ajoutent