Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partout des perquisitions. Sur la proposition de Kim Sang-tsip-i, ministre des crimes, le roi ordonna que ceux qui ne livreraient pas leurs livres de religion dans l’espace de vingt jours, seraient poursuivis selon la rigueur des lois. Dans une autre ordonnance royale du 9 de la onzième lune, quatre jours avant le martyre de Paul Ioun et Jacques Kouen, il était dit que dans le procès des deux cousins, il ne s’agissait pas d’une question de funérailles, mais que les deux nobles avaient été mis en jugement, pour avoir osé porter la main sur les tablettes de leurs ancêtres. Si l’on supportait un tel crime, que ne devrait-on pas supporter ? Le roi ordonnait ensuite d’abaisser le rang de la préfecture de Tsin-san, où le mal avait pris naissance, et de la mettre au-dessous des cinquante-cinq autres préfectures de la province de Tsien-la. Le mandarin de cette préfecture devait être cassé, pour n’avoir pas pris lui-même, à temps, l’initiative de punir les coupables. Il fallait inviter les lettrés de tout le royaume à étudier plus à fond les vrais principes dans les livres classiques. Dans les examens de chaque province qui allaient avoir lieu, on devait faire un choix plus consciencieux des candidats, et éliminer avec soin les individus suspects. Enfin tous les fonctionnaires étaient excités à déployer le plus de zèle possible pour anéantir la nouvelle doctrine. On comprend, dès lors, combien nombreuses furent les arrestations.

Nous avons raconté plus haut la conversion de Thomas Tsoi Pil-kong-i, cet homme courageux qui ne cessait de prêcher la foi, dans les rues et sur les places publiques. Il était trop connu pour échapper. Traduit devant le tribunal, et interrogé sur sa religion, il répondit hardiment : « Tout homme doit suivre la loi du Maître du ciel, et pour moi, je suis disposé à en remplir toujours les devoirs. Les supplices auxquels il fut soumis après cette réponse ne l’ébranlèrent pas. D’une voix toujours égale, il ne cessait de répéter la même profession de foi, parlant avec une simplicité, une franchise, et une conviction telles que tous les spectateurs en étaient dans l’admiration. Le roi partagea lui-même ce sentiment, et touché de pitié pour Pil-kong-i, voulut lui conserver la vie. Dans ce but, il ordonna de faire tous les efforts possibles pour obtenir de lui, par douceur, quelques paroles de soumission. On s’appliqua donc à séduire Thomas. Ruses, caresses, promesses de fortune, tout fut employé, mais tout fut inutile. Sur les ordres du roi, le vieux père et le frère de Thomas furent appelés, et par leurs larmes et leurs supplications essayèrent d’émouvoir ce cœur généreux. Thomas fut vivement impressionné ; tous les sentiments