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la fin des débats, le 21 de la deuxième lune, Ambroise Kouen mourut dans la prison, à l’âge de soixante-six ans, tué sous les coups, au rapport des uns, des suites de ses blessures ou d’inanition, selon les autres.

Quatre jours plus tard, tous les prisonniers furent condamnés à mort. Les deux frères d’Augustin, Jean Tieng Iak-iong et Tieng Iak-tsien, qui déjà, dans une circonstance semblable, avaient donné un triste exemple de faiblesse, eurent de nouveau la lâcheté de fouler aux pieds les exhortations, les prières, les larmes et les nobles exemples de leur frère, et de racheter leur vie par l’apostasie. La sentence de mort fut pour eux commuée en une condamnation à l’exil. Ajoutons de suite que Jean Tieng, gracié quelques années après, fit une longue et sincère pénitence de son crime, qu’il consola les chrétiens par sa ferveur et sa mortification exemplaires, et fit une mort très-édifiante. Il a laissé plusieurs écrits religieux, et principalement des mémoires sur l’introduction de l’Évangile en Corée, où sont recueillis la plupart des faits jusqu’à présent relatés dans notre histoire.

Ni Ka-hoan-i, dont tout le crime était d’avoir été l’un des plus illustres chefs du parti vaincu, fut condamné à mort comme chrétien, et enfermé, sans nourriture, dans une chambre où il expira, après sept jours de souffrances. Il connaissait très-bien la religion, mais, comme tant d’autres savants, il aima mieux la gloire des hommes que celle de Dieu, et ne donna jamais aucun signe de conversion. Kut-il, à quelqu’une des heures de sa longue et solitaire agonie, le bonheur de reconnaître et d’adorer ce Christ, pour le nom duquel on le faisait mourir ? C’est le secret de Dieu. Quoiqu’il en soit, un grand nombre des descendants de cet infortuné ministre sont aujourd’hui de fervents chrétiens.

Les six autres condamnés, savoir : Pierre Ni Seng-houn-i, Thomas T’soi Pil-kong-i, Jean T’soi Tsiang-hien-i, François-Xavier Hong Kio-man-i, Luc Hong Nak-min-i, et Augustin Tieng-Iak-tsiong, furent décapités en dehors de la porte de l’Ouest, le 26 de la deuxième lune (8 avril 1801).

Pierre Ni Seng-houn-i avait alors quarante-cinq ans. Voici le texte officiel de sa sentence :

« Les mauvais livres de l’Occident sont une monstruosité sans exemple dans les temps anciens et modernes. Par des paroles mensongères, ils prêchent un certain Jésus, et trompent le monde. Ce qu’ils appellent paradis et enfer n’est qu’une maladroite imitation de la doctrine de Fo ; ce qu’ils appellent père spirituel, n’est que l’anéantissement des rapports naturels de