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venant de traiter ainsi des femmes ; avertissez le mandarin supérieur que nous demandons à mourir habillées. » La permission fut accordée, à la grande satisfaction de ces saintes épouses de Jésus-Christ. Colombe alors lit le signe de la croix, et la première, présenta sa tête au bourreau. Elle était âgée de quarante-un ans.

Mentionnons ici, en anticipant un peu sur les événements, le martyre de Philiphe Hong Pil-tsiou. Il était, comme nous l’avons dit, fils du mari de Colombe, par une première femme ; mais, selon l’usage du pays, il fut toujours appelé le fils de Colombe. Il demeura constamment avec elle, la suivit à la capitale, et la traita toujours comme sa mère. Quand ils eurent recueilli le prêtre chez eux, Philippe profita de sa présence pour devenir un excellent chrétien. Chaque jour il lui répondait la messe, et lui rendait avec assiduité tous les services que réclamait sa position difficile. Pris en même temps que Colombe, il fut séparé d’elle dans sa prison, et soumis à de violentes tortures, qu’il supporta d’abord avec un grand courage, sans laisser échapper aucune parole compromettante. Il semblait cependant faiblir, quand son héroïque mère ranima par quelques mots sa foi et sa confiance en Dieu. Depuis ce jour, il ne se démentit plus, et plus fort que les supplices, donna sa tête pour Jésus-Christ, le 27 de la huitième lune, (4 octobre). Il n’avait alors que vingt-huit ans.

Les quatre femmes décapitées avec Colombe, étaient : Kieng Pok-i, Ieng In-i, Nien-i et Sin-ai. Nous ignorons quelles sont ces bienheureuses martyres, car les femmes, en Corée, n’ont pas de nom personnel, et les actes du gouvernement ne les ont pas désignées par leurs noms de famille, mais bien par des noms de hasard, imposés uniquement pour le procès, comme cela se fait souvent dans le cas des personnes condamnées à mort ou à des peines infamantes. Elles étaient filles du palais, c’est-à-dire attachées au service personnel des reines et princesses. Leurs sentences, presque semblables, portent qu’elles furent instruites et baptisées par le P. Tsiou, qu’elles servirent d’entremetteuses pour les affaires de la religion, qu’elles firent évader plusieurs fois des chrétiens poursuivis par la justice, et qu’elles tenaient cachés chez elles divers objets de religion, images, livres, etc.

Des recherches nombreuses nous ayant amenés à penser que l’une d’entre elles est très-probablement Bibiane Moun, nous donnons ici les détails que la tradition nous a conservés sur cette sainte martyre.

Bibiane descendait d’une famille honorable de la classe