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la grande persécution, il n’évita la mort qu’en prononçant la formule d’apostasie.

Envoyé en exil à cette époque, il fut, peu après son retour, arrêté de nouveau en 1805, et conduit à la préfecture de Hai-mi, où, cette fois, il se conduisit en véritable chrétien. Il ne fut pas condamné à mort, mais les affaires traînant en longueur, il resta en prison, sans jugement, pour un terme indéfini. Son caractère grave et digne lui attira le respect et l’estime des prétoriens et des geôliers, et il pratiquait sa religion au su de tout le monde. Enfin, après dix ans de réclusion supportée avec une patience exemplaire, il mourut à l’âge de soixante-seize ans, le 20 de la dixième lune. On ne sait pas au juste s’il succomba de maladie, de faim, ou sous les coups ; mais les longues persécutions qui avaient précédé sa mort, ont rendu son souvenir cher à toute la chrétienté. Parmi ses descendants nous compterons plusieurs martyrs, entre autres le premier prêtre coréen André Kim.

Mentionnons aussi la fin édifiante de Siméon Iou Koun-mieng-i, noble de province, originaire de So-iak-kol, au district de Mien-t’sien. Son caractère était naturellement doux et bon. Il parlait peu, et n’avait jamais à la bouche de paroles inutiles et mondaines ; aussi l’appelait-on l’excellent homme, ou, encore, le fils pieux, à cause de sa belle conduite envers ses parents et des soins assidus qu’il leur prodiguait. Après leur mort, aux jours marqués pour les sacrifices, il redoublait de zèle, et tous les voisins disaient : « Il n’y a personne pour remplir, comme lui, les devoirs de la piété filiale. » Ayant émigré à Hoang-mo-sil, district de Teksan, il y fut instruit de la religion et l’embrassa, à l’âge de cinquante-neuf ans. Depuis ce jour, il abandonna les superstitions païennes, et ne sut plus que servir et honorer Dieu. Baptisé par Louis de Gonzague Ni Tan-oueni, qui faisait alors l’office de prêtre au Nai-po, il se montra toujours le modèle de ses frères, partageant tous ses revenus avec les pauvres et les malheureux. Il donna la liberté à ses esclaves, et fit sa principale occupation d’instruire et d’exhorter les nombreux chrétiens qui venaient chez lui. Il fut pris à la cinquième lune de l’année sin-iou (1801), et mis plusieurs fois à la torture, qu’il supporta avec constance. Plus tard, il eut la faiblesse de déclarer où étaient ses livres de religion ; mais il ne voulut jamais dénoncer aucun chrétien, et refusa jusqu’à la fin de donner le moindre signe d’apostasie. Condamné à l’exil dans une province éloignée, il resta fidèle à ses exercices, témoignant seulement le regret de n’avoir plus aucun livre de religion. Enfin, après de longues souffrances courageusement endurées, il