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attirèrent la bénédiction de Dieu sur lui et sur sa famille. Non-seulement son fils André, que nous retrouverons plus tard, ne dégénéra pas, mais aujourd’hui encore ses descendants se montrent dignes de lui, par leur foi et leur ferveur.

Ambroise Kim mourut aussi dans la prison, un peu plus tard. Pendant sa vie il avait toujours regretté d’être à charge à ceux qui lui donnaient asile. Ayant appris que les prisonniers qui, comme lui, n’avaient aucune ressource étaient nourris au moyen d’une taxe imposée par le gouverneur aux maisons du voisinage, il fut singulièrement tracassé de cette pensée, qu’il était à charge aux gens du quartier. C’est sans doute ce qui le détermina à se priver presque entièrement de nourriture. Beaucoup de chrétiens, au contraire, ont attribué à une inspiration divine cette étrange résolution. Il commença donc un jeûne presque absolu ; ce qu’ayant vu, les autres prisonniers lui dirent : « Maître, puisque vous ne mangez plus, nous devons tous faire comme vous. » Il les reprit fortement en disant : « Quoique je doive, moi, en agir ainsi, sans pouvoir vous en expliquer le motif, pour vous, une pareille conduite serait un suicide. » Les uns disent qu’il passa ainsi plusieurs jours, après quoi il s’éteignit paisiblement. Selon d’autres témoignages il aurait, afin de n’être à personne une cause de scandale, repris des aliments après son long jeûne, et survécu encore un certain temps. Il mourut à l’âge de soixante-huit ans, le 27 de la dixième lune de l’année mou-Isa (1828).


Enfin, pour compléter l’histoire de cette persécution de 1827, disons deux mots de l’arrestation de quelques chrétiens dans l’extrémité est de la province de Tsiong-tsieng.

Laurent Niou Sioun-tsi était venu, au commencement de cette année, habiter Kip-keun-kol, au district de Tan-iang. Lorsque la persécution s’éleva dans de Kieng-siang, un certain nombre de chrétiens de cette province, ses parents ou amis, se réfugièrent chez lui pour se mettre à l’abri des poursuites. Sur ces entrefaites, un des amis païens de Laurent le dénonça aux prétoriens de Tan-iang, les engageant à le saisir pour en tirer quelque rançon, qu’il se promettait bien de partager avec eux. Ils n’eurent pas de peine à se rendre à une invitation si conforme à leurs goûts et, dans le courant de la cinquième lune, vinrent arrêter Laurent, et avec lui une vingtaine de personnes alors réunies dans sa maison. Conduits au tribunal de Tan-iang, tous se hâtèrent d’apostasier, excepté Laurent que de violents supplices ne purent ébranler. Le mandarin dit alors : « Je voudrais bien vous