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CHAPITRE VI.

Naufrage de la Gloire et de la Victorieuse sur les côtes de Corée. — Entrée du P. Thomas T’soi. — Ses premiers travaux. — État de la mission.


Après leur tentative infructueuse à Houng-tchoung, sur la frontière septentrionale de la Corée, M. Maistre et son compagnon le diacre Thomas T’soi s’étaient retirés au Léao-tong. Ils y passèrent l’année 1846, et, au mois de décembre, ils se dirigèrent vers Pien-men, pour rencontrer les courriers chrétiens, et, si possible, pénétrer dans leur mission. Mais l’arrivée de l’ambassade renversa leurs espérances : ils apprirent que la persécution s’était rallumée, que le prêtre André avait été martyrisé avec plusieurs chrétiens, que la surveillance était plus active que jamais sur la frontière, et qu’il était absolument impossible de la franchir. Il fallut encore se résigner et retourner en arrière. La voie de terre paraissant fermée de tous les côtés et pour longtemps, M. Maistre ne pensa plus qu’à entrer en Corée par mer, comme l’avaient fait Mgr Ferréol et M. Daveluy, et pour en trouver plus facilement les moyens, il résolut de revenir à la procure générale des Missions-Étrangères. Cette maison de correspondance n’était plus à Macao. La nécessité de se mettre, une fois pour toutes, à l’abri des tracasseries que les ridicules prétentions du Portugal à un patronage suranné ne cessaient de causer aux missions, la commodité plus grande des relations avec la Chine et les contrées voisines, l’avaient fait transférer à Hong-kong, petite île à l’embouchure de la rivière de Canton. Les Anglais s’en étant emparés pendant leur guerre avec la Chine, commençaient à en faire le centre de leur commerce dans l’extrême Orient.

C’est là que M. Maistre et son compagnon vinrent débarquer pendant les premiers mois de l’année 1847. Les conjonctures étaient des plus favorables pour leur entreprise. Deux navires de guerre français allaient partir pour le nord : c’étaient la frégate la Gloire, commandant Lapierre, et la corvette la Victorieuse, commandant Rigault de Genouilly.

M. Lapierre, commandant en chef, avait l’intention de passer en Corée, pour savoir l’effet produit par la lettre que M. Cécile avait remise l’année précédente au gouvernement coréen. Les deux missionnaires furent donc accueillis avec bienveillance par