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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/103

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COMÉDIE.

JACINTE.

Je ne parlerai point, rien ne peut me corrompre,
J’en ai fait bon ſerment.

D. JUAN.

J’en ai fait bon ſerment.Pour te le faire rompre,
Et te réduire au point de me parler ſans fard,
Si l’argent ne peut rien, compte que ce poignard.

JACINTE.

Miſericorde, hélas ! Monſieur, je ſuis perduë.

D. JUAN.

Tais toi.

JACINTE.

Tais toi.Je me tairai.

D. JUAN.

Tais toi. Je me tairai.Non, parle, ou je te tuë.

JACINTE.

Tais-toi, parle ? Monſieur, comment vous contenter ;

D. JUAN.

Parle, il n’eſt pas ici ſaiſon de plaiſanter.
Et ma juſte fureur laſſe de ſe contraindre…

JACINTE.

Mais ſi je parle auſſi, n’aurai-je rien à craindre ?

D. JUAN.

Non, mais je veux ſçavoir tout ce qui s’eſt paſſé.

JACINTE.

Puiſqu’il faut vous le dire, & ſauter le foſſé,
Donnez-moi donc la bourſe.

D. JUAN.

Donnez-moi donc la bourſe.Elle eſt à toi.

JACINTE.

Donnez-moi donc la bourſe. Elle eſt à toi.Que dire ?
Car en payant ſi bien, vous n’avez qu’à preſcrire.

D. JUAN.

La vérité, c’eſt tout ce que j’exigerai.

JACINTE.

La croirez-vous de moi, quand je vous la dirai ?