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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/130

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LA TRAHISON PUNIE,

D. ANDRÉ.

Ma foi ni moi non plus.Tout me nuit, tout m’irrite ;
Tout me déplaît, me fâche, excepté Leonor.

FABRICE.

Leonor… Quoi, Monſieur, vous y ſongez encor.

D. ANDRÉ.

Si j’y ſonges !

FABRICE.

Si j’y ſonges ! Ah, Monſieur !

D. ANDRÉ.

Si j’y ſonges ! Ah, Monſieur ! Hem ! je crois que tu penſes
Être en droit de me faire à moi des rémontrances ?

FABRICE.

Moi ! fy donc ? pouvez-vous rien faire qui ſoit mal
Si ce n’eſt avec moi d’être un peu trop brutal,
Parfois. Au demeurant, Monſieur, on a beau dir
Moi qui vous voit de prés, en tout je vous admire
Un eſprit doux… accord… plein de docilité…
La droiture de cœur… l’exacte probité…
Des mœurs… une conduite… enfin de la ſageſſe.
Comme n’en avoient point les ſept ſages de Grece.
Maître de vous, ſurtout… C’eſt-là le beau.

D. ANDRÉ.

Maître de vous, ſurtout… C’eſt-là le beau.Je crois
Que ce faquin plaiſante & ſe moque de moi.

FABRICE.

Ah, le beau naturel ! de l’humeur dont vous êtes.
On ne peut qu’applaudir tout ce que vous faites

D. ANDRÉ.

Je m’embaraſſe peu qu’on applaudiſſe ou non :
Suffit que ſelon moi je crois avoir raiſon.

FABRICE.

Vous l’avez en effet.

D. ANDRÉ.

Vous l’avez en effet.Ne ris point, je m’en flâte.