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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/141

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COMÉDIE.

FINETTE.

Bon ! Quoi ? Madame, avec ſa régularité,
Eſt cauſe que ſon fils…

MERLIN.

Eſt cauſe que ſon fils…Je dis la vérité,
Eſt-il rien de mal fait que le fils ai pû faire
Qu’on ne doive de droit imputer à la mere ?
C’eſt pour nous l’animal le plus perſecutant…

FINETTE.

Je le crois ; pour ſa fille elle l’eſt preſqu’autant.
Mais revenons au fait. Tu me dis que c’eſt elle…

MERLIN.

Eh ! oüi, pour être en droit de nous chercher querelle.
Sçachant que nous ſoûpions hier au ſoir chez Cherez
Soit haine pour ſon fils, ou pour le cabaret ;
Par quelque bon motif qu’elle ait été conduite,
De ce que nous faiſons, elle eſt bien inſtruite.
Mon Maître, inſtruit auſſi de ſes intentions,
Contre ſes bons deſſeins prend ſes précautions…
Bon enfant, dont pourtant j’ai ſujet de me plaindre
Au milieu du ſouper, il s’aviſe de craindre
Qu’on ne ferme la porte ; & de peur d’accident,
M’envoye preſqu’à jeun lui faire, en l’attendant,
Dans ſa chambre du feu, préparer ſa toilette ;
Dire qu’au moindre bruit que fera la ſonnette,
Le Portier attentif vienne dans le moment.
Pour n’éveiller perſonne, ouvrir tout doucement.
Je pars, je cours, je viens, j’arrive, & donne l’ordre.
La mere, comme un dogue, attentive à nous mordre
Me voiant rentrer ſeul, & ſans Monſieur ſon fils,
Fait bonnement fermer la porte u logis.
Les clefs par le Portier ſous ſon chevet portées,
Long-tems entr’elle & moi ſont en vain diſputées ;
On me force à ceder ; nous nous trouvons alors
Enfermez, moi dedans, & mon Maître dehors,
Faute d’avoir ſoupé, j’en enrage. Mon Maître
Vient, & ſonne, au Portier parle par ſa fenêtre.
Le Portier bien fâché, lui rend compte de tout,