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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/42

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LA TRAHISON PUNIE,

D. GARCIE.

Ah ! Jacinte, il en eſt. À vous les propoſer,
Madame, vôtre aveu ſemble m’autoriſer.
Une affaire d’éclat, un Couvent, une fuite…

LÉONOR.

Le remede eſt étrange, & ſi j’y ſuis réduite,
Je ne vous répons pas de prendre aſſez ſur moi
Pour vous prouver ainſi ma tendreſſe & ma foi.

D. GARCIE.

Mais après les refus que m’a fait vôtre pere,
Sans un pareil éclat que faut-il que j’eſpere ?

JACINTE.

Tout, ſi vous vous ſçavez conduire prudemment :
Un refus, quoique dur, eſſuié ſagement,
Une plainte modeſte, une bonne conduite,
Sont des titres ſouvent pour obtenir enſuite.
Cet époux prétendu qui vous met en ſouci,
Ne nous fait pas grand mal tant qu’il n’eſt point ici.
Ne nous chagrinons point d’avance, s’il arrive,
Alors bon pied, bon œil, nous irons au qui vive.
Vous êtes bien d’accord de vos faits ; on fera,
Suivant l’occaſion, tout ce qui conviendra.

D. GARCIE.

Me le promettez-vous ?

LÉONOR.

Me le promettez-vous ? Je promets, D. Garcie,
Que je n’aurai jamais d’autre époux de ma vie.

JACINTE.

Vous voilà mariez. Hé combien en voit-on
Qui ſans autant d’amour y font moins de façon.
Mais qui fait accourir Ignez ainſi ?