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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/96

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LA TRAHISON PUNIE,

Je ne voulus hier vous faire aucune inſtance,
De m’éclaircir un fait que je crois d’importance :
Je craignis, D. Juan, de vous embaraſſer…
J’eus mes raiſons, enfin, pour ne vous pas preſſer
Mais aujourd’hui ceſſez de m’en faire miſtere.
Nous ſommes ſeuls, je dois être vôtre beau pere.
Et je ſuis vôtre ami…

D. JUAN.

Et je ſuis vôtre ami…Vous me faites honneur.

D. FÉLIX.

Comme ami, comme fils, ouvrez-moi vôtre cœur,
Quand on a des chagrins, eſt-il rien qui ſoulage
Tant que de rencontrer quelqu’un qui les partage ?

D. JUAN.

L’eſpoir de me vanger, Seigneur, peut ſeulement
Donner à mes chagrins quelques ſoulagement.

D. FÉLIX.

Hé bien, dites les moi. D. Félix par avance
S’aſſocie avec vous pour en prendre vangeance.
Que vous eſt-il céans arrivé cette nuit ?

D. JUAN.

Vous le voulez ſçavoir ?

D. FÉLIX.

Vous le voulez ſçavoir ? Je meurs d’en être inſtruit.

D. JUAN.

Sçachez donc…

D. FÉLIX.

Sçachez donc…Juſte ciel ? que me va-t-il aprendre ?

D. JUAN.

Je tremble en lui parlant,

D. FÉLIX.

Je tremble en lui parlant,Que je crains de l’entendre ?

D. JUAN.

Arrivant hier ici, tout plein de la douleur
Que la mort de mon pere avoit miſe en mon cœur,