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Page:Dancourt-Les oeuvres de monsieur Dancourt-Vol7-1729.djvu/98

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LA TRAHISON PUNIE,

De Leonor, qu’un traître alloit perdre d’honneur ;
Heureuſement pour moi fut le liberateur.
Voilà la vérité.

D. FÉLIX.

Voilà la vérité.Du moins le vrai ſemblable :
Mais ma fille en cela ſeroit-elle coupable ?

D. JUAN.

Je n’oſe le penſer, Seigneur.

D. FÉLIX.

Je n’oſe le penſer, Seigneur.Et D. André,
Pour vôtre compte ſeul y ſeroit-il entré ?
Songez bien. D. Juan, qu’en une telle affaire,
Il n’eſt pas queſtion d’agir à la legere.
Pour moi je crois devoir vous parler net ici ;
Cet ami ſi fidele eſt un rival auſſi.
Je n’en ſçaurois douter.

D. JUAN.

Je n’en ſçaurois douter.Vôtre erreur eſt extrême.

D. FÉLIX.

J’en parle ſçavamment, je le ſçais par moi-même :

D. JUAN.

Non, non, une autre Dame eſt l’objet de ſes ſoins,
Et mes yeux, cette nuit, en ont été témoins.
J’avois avant cela des ſoupçons, je l’avouë,
Mais…

D. FÉLIX.

Mais…Croiez, D. Juan, que D. André vous joüe,
Que pour la fourberie il a de grands talens,
Et que bien mieux que vous je me connois en gens,
Comptez enfin qu’il faut en pareille occurence
Bien choiſir l’offeuſeur pour bien punir l’offenſe.

D. JUAN.

Mais s’ils vous ſont ſuſpects tous deux également,
Qui pourra nous donner quelque éclairciſſement ?