Page:Dandurand - La carte postale, 1896.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 7 —

savoir !… Dire que c’est là ! Et que… (Elle regarde la carte de travers.) Si je regardais rien qu’un petit peu comme ça… je le saurais ! Mais non ! J’aurais trop honte après… je ne pourrais pas m’empêcher de rougir quand tante arrivera, alors elle devinerait tout de suite… (Elle va à la fenêtre.) Oh ! que tante arrive ! qu’elle arrive donc ! (Désapointée.) Elle ne vient pas !… (Elle jette un regard sur la carte et fait un geste de saisissement.) « Sept heures ! » j’ai vu sept heures ! C’est le train du soir. (Elle hésite un peu et finalement lit : ) « Arriverons ce soir à sept heures. » (Consternée.) Je l’ai lue !… (Un temps. Croyant entendre du bruit elle tressaille, va porter la carte sur le secrétaire et revient précipitamment vers sa poupée.) C’est drôle ! je le sais, maintenant… tout de même, il me semble que j’aimerais mieux ne pas le savoir ! (Elle soupire, puis s’asseyant, elle se met à habiller vivement sa poupée.) Vite, Madeleine. Il faut bien te dépêcher ! (Regardant de tous côtés et chuchotant à l’oreille de sa poupée.) Tu ne sais pas… ta grand’maman arrive ce soir ! Chut !


SCÈNE II.

Margot, Paul.
Paul qui mange une tartine de confitures, s’approche de sa sœur et la regarde habiller sa poupée.