Page:Daniel-Lacombe - Le régime des sépultures.djvu/260

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atteintes ; mais, à moins de rendre la crémation obligatoire et gratuite, on n’obtiendra de ce côté aucun résultat.

Quant au second argument, nous ne croyons pas qu’en temps ordinaire le système des inhumations présente de grands dangers. S’il en était ainsi, le bon sens populaire aurait certainement, après une si longue expérience, inspiré des réclamations. Généralement, les quartiers des villes voisines des cimetières ne sont point réputés moins salubres que les autres : ce qui en éloigne est bien plutôt la crainte qu’inspire l’image permanente de la mort. Nous admettrions, tout au plus, qu’on se demandât si en cas de grave épidémie, l’autorité ne pourrai pas prescrire l’incinération des personnes atteintes. Encore faudrait-il avoir des preuves positives du danger de l’inhumation, car la crémation devrait alors être déclarée obligatoire, sans exception, pour toutes les victimes du fléau[1].

En ce qui concerne le péril des inhumations précipitées, il est incontestable que le système de la crémation permet d’y échapper, et c’est là le seul argument de vraie valeur. Mais il est permis aussi de se demander s’il ne suffirait pas de modifier certaines des pratiques qui, nous l’avons vu, sont d’usage constant en matière d’autorisation d’inhumer. Ces autorisations sont en fait de simples formalités ; ne pourrait-on pas les rendre efficaces[2] ?

  1. On comprend également la triste nécessité de l’incinération des champs de bataille, telle qu’elle fut pratiquée plusieurs fois sous le premier Empire, après les désastres de la campagne de Russie, après la bataille de Paris en 1814, et, à une date plus rapprochée, après la bataille de Sedan.
  2. Dr Bourdin, La constatation des décès, ce qu’elle est, ce qu’elle devrait être, Paris, 1879. — Cf. Pétition adressée au Sénat parle Docteur Planchon, de l’Académie de Médecine, et M. Grawitz, ancien pasteur, proposant divers moyens d’arriver à La constatation certaine des décès, renvoyée par le Sénat au ministre de l’intérieur, et réponse de celui-ci le 24 janvier 1885. (Rev. gén. d’adm, 1885, t. III, p. 103.)