Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/24

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la voûte des cieux. Vois encore celle dont les reins se montrent à nu, tandis que son sein se couvre du voile épais de ses cheveux : c’est la voyageuse Manto, qui, lasse enfin de sa course vagabonde, s’arrêta aux lieux où j’ai vu le jour ; et c’est ici que je te demande une oreille plus attentive [6]. Quand Thèbes eut perdu Tirésias et sa liberté, Manto, jeune orpheline, s’éloigna d’une patrie esclave, et courut longtemps de climats en climats. Non loin du Tyrol, où les Alpes opposent à la Germanie leurs immuables confins, se trouve un lac, ornement de la belle Italie : on le nomme Bénac ; et les fleuves nombreux qui désaltèrent les champs de la Garde et de Valcamonique viennent se reposer dans son vaste bassin. Les prélats de Brescia, de Trente et de Vérone, pourraient, je pense, trouver au centre du lac la borne qui termine et réunit leur triple puissance [7]. Sur la rive plus basse où Pescaire présente à Bergame son front redoutable, le Bénac épanche les eaux dont il regorge, et les pousse comme un grand fleuve à travers les campagnes ; bientôt l’Erident les reçoit, près de Governe, sous le nom de Mincio ; mais auparavant, et non loin de sa source encore, le nouveau fleuve tombe dans une plaine ; et là, ses flots ralentis s’étendent et croupissent comme un marais immense, où le soleil couve la mort dans les étés brûlants. Un champ inculte et désert s’élève au milieu