Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/26

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pèrent le câble, et donnèrent en Aulide le signal du départ. On le nommait Euripyle [10], et ce nom consacre un de mes vers : tu le sais, puisque mon poëme entier vit dans ta mémoire. L’ombre qui te présente une si frêle stature fut Michel Scot [11] ; et certes il connut bien tous les secrets de la fallacieuse astrologie. Vois Guido Bonatti [12] ; vois Asdent [13], qui voudrait n’avoir pas déserté ses ateliers ; mais son remords est tardif. Vois enfin ces femmes sacriléges qui laissèrent le fuseau pour souiller leurs mains de l’impie attouchement des herbes magiques et des simulacres enchantés. Mais hâtons-nous, car déjà la lune se penche dans la mer de Séville, et blanchit la zone où se confondent les deux hémisphères [14] : hier elle offrait à l’orient son disque entier ; et tu l’invoquas sans doute plus d’une fois dans les ténèbres de la forêt.

Ainsi parlait mon guide, sans cesser d’avancer.