Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/59

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— Descendons, me répondit le sage, il n’est point d’autre réponse à tes justes désirs.

Aussitôt nous descendîmes vers la base du pont ; et je dus alors envisager de plus près le fond de l’obscure vallée : mais je la vis partout couverte de serpents qui fourmillaient dans son ample sein.

Leur multitude était de toute race et de toute forme ; et ce n’est point sans frissonner que je me rappelle encore leur effroyable confusion.

Que l’Afrique ne vante plus ses familles d’aspics et de basilics, et les phalanges de couleuvres et de dragons qui peuplent ses déserts ; car jamais les sables de la mer Rouge ou de la noire Ethiopie n’étalèrent dans leur triste fécondité des monstres de nature si cruelle et si diverse.

Sur cet horrible mélange de reptiles entrelacés, des ombres nues couraient épouvantées, sans trouver un seul abri dans les Enfers : elles couraient les bras raidis et tournés sur le dos, et leurs mains étaient entortillées de couleuvres qui se repliaient en ceinture autour leurs flancs.

Je regardais, et voilà qu’un serpent, lancé près des bords où nous étions, pique un coupable à la gorge ; et, dans un clin d’œil, le coupable enflammé se consume et tombe réduit en cendres ; mais cette poussière en tombant se ramassait d’elle-même, et tout à coup,