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CHANT XXI.


On comprendrait combien aussi j’étais avide
D’obéir à la voix de mon céleste guide,
Passant de joie en joie, heureux des deux cotés.

Dans l’astre transparent, roulant autour du globe
Sous le nom vénéré de ce monarque probe
Qui, dans son régne heureux, écrasa le péché 3,

Je vis, de couleur d’or, au soleil rayonnante,
Une échelle si haute et si resplendissante
Que le faîte à mes yeux en demeurait caché.

Et je vis, descendant les échelons de gloire,
Des millions de splendeurs, tant, que j’en vins à croire
Que tous les feux du Ciel s’étaient là répandus.

Et comme, par instinct, dès que le jour s’allume.
S’agitent les corbeaux pour réchauffer la plume
Sur leurs membres transis que le froid a mordus ;

Puis ceux-ci de partir pour toujours ; dans l’espace
Ceux-là de s’élancer, puis revenir ; sur place
Ceux-là de tournoyer volant en tourbillon :

Telle s’offrit à moi la bande étincelante,
Jaillissant en éclairs sur l’échelle brûlante,
Sitôt qu’elle touchait à certain, échelon.

Près de nous un des feux du radieux cortège
Se posa plus brillant. Je reconnais, pensais-je,
L’amour, aux clairs rayons que je te vois darder.

Mais celle dont j’attends qu’un ordre me permet le
De parler ou me taire est encore muette ;
Je crois donc faire bien de ne rien demander.