Page:Dante - La Divine Comédie, trad. Lamennais, 1910.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le bon Métellus, d’où ensuite elle demeura maigre [1]. Attentif au premier tonnerre, il me semblait ouïr Te Deum laudamus, chanté par des voix mêlées au doux son [2]. Ce que j’entendais, tout à fait ressemblait à ce qui advient lorsqu’on chante avec l’orgue : tantôt oui, tantôt non, l’on distingue les paroles.


CHANT DIXIÈME


Lorsque nous eûmes passé le seuil de la porte, dont le mauvais amour ferme aux âmes l’accès, parce que droite il fait paraître la voie tortueuse, au son je m’aperçus qu’elle se refermait : et si j’avais eu les yeux tournés vers elle, qu’elle eût été de cette faute la suffisante excuse ?

Nous montâmes par un rocher fendu, qui se mouvait de l’un et de l’autre côté, comme la mer qui fuit et revient.

« Ici, commença le Guide, il faut user de quelque art, en te rapprochant, ores d’ici, ores de là, du côté qui s’éloigne. Ceci rendit nos pas si rares, que la lune en décours rejoignit le lit où elle se couche, avant que nous fussions hors de ce chaos ; mais quand nous fûmes libres et au large, là où le mont se resserre [3], moi fatigué, et tous deux incertains de notre route, nous nous arrêtâmes sur un terrain plan plus solitaire que les sentiers à travers les déserts. De ses bords qui confinent au vide, au pied de la haute rive qui monte, un corps humain mesurait en trois

  1. Allusion aux vers où Lucain décrit le bruit strident des portes dont retentit la roche Tarpéienne, lorsque, malgré le tribun Marcellus, César força l’entrée du trésor public, et le dépouilla des richesses qui, depuis de longues années, y étaient déposées.
  2. Unie à une douce mélodie.
  3. De manière à laisser autour de soi un chemin praticable et uni.