saintes lumières, heureuses de passer d’un soin à un autre soin.
D’au milieu des saints unis de cœur, ensuite rompit le silence la lumière dans laquelle la vie admirable du pauvre de Dieu me fut racontée [1] ; et elle dit : « Quand une paille est foulée, quand sa semence est serrée, à battre l’autre un doux amour m’invite. Tu crois que, dans la poitrine [2] d’où fut tirée la côte pour former la belle bouche dont le palais au monde entier coûta si cher [3], et dans celle qui [4], percée de la lance, et avant et après [5] tant satisfit, que dans la balance elle pesa plus qu’aucune faute, tout ce qu’à l’humaine nature il est permis de posséder de lumière, fut infus par cette puissance qui forma l’une et l’autre [6] ; et ainsi tu t’étonnes de ce qu’auparavant dans mon narré j’ai dit, que n’eut point de second le bienheureux [7] que renferme la cinquième lumière. Maintenant ouvre les yeux à ce que je te réponds, et tu verras ta croyance et mon dire devenir, dans le vrai, ce que le centre est dans le cercle [8]. Ce qui ne meurt point et ce qui peut mourir [9], n’est que la splendeur de cette idée [10] qu’enfante, en aimant, notre Sire [11] ; parce que cette vive lumière, qui de son générateur [12] dérive de telle manière, qu’elle ne se sépare ni de lui ni de l’amour, lequel forme avec eux le ternaire [13], par sa bonté rassemble ses rayons comme en un miroir, dans neuf substances [14], en demeurant éternellement une. De là elle descend jusqu’aux
- ↑ « L’âme resplendissante de saint Thomas, qui m’avait raconté la vie de saint François. »
- ↑ Adam.
- ↑ En goûtant du fruit défendu.
- ↑ Jésus-Christ.
- ↑ Et avant de mourir, et après en mourant.
- ↑ L’une et l’autre poitrine, c’est-à-dire « la nature humaine en Adam et en Jésus-Christ. »
- ↑ Salomon.
- ↑ Se confondre en une même vérité.
- ↑ Toute créature corruptible et incorruptible.
- ↑ Le Verbe.
- ↑ Ce mot, dans le même sens, est de notre ancienne langue le sire Dieu, disait-on.
- ↑ Le Père.
- ↑ La Trinité.
- ↑ Les neuf cieux de Ptolémée.
