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INTRODUCTION.

question fut, comme on sait, agitée en Angleterre à l’occasion du Paradis perdu. À ceux qui lui refusaient le nom d’épopée, on répondit : Ce ne sera pas, si vous voulez, un poëme épique ; ce sera un poëme divin.

Nous n’examinerons pas non plus si Dante a emprunté, et à qui, le cadre et la forme de son poëme : les voyages allégoriques, les visions de l’autre monde étaient une donnée commune de son temps[1], mais son génie n’est qu’à lui.

Malgré les indications générales fournies par le Poëte lui-même pour l’interprétation de son œuvre, elle n’en reste pas moins enveloppée, dans quelques-unes de ses parties, d’une obscurité jusqu’à présent impénétrable, au jugement des plus habiles même, Perticari, Monti, Viviani, Dionisi, Ugo Foscolo. Après tant d’inutiles travaux, M. Rossetti a cru pouvoir répandre une lumière inattendue au sein de ces ténèbres. Malheureusement, le sien manque trop souvent d’ordre et de méthode, de réserve et de choix, de cette critique sévère sans laquelle les recherches les plus

  1. On la retrouve jusque chez les Nègres de Juda « Ils mettent, dit Bonnau, l’enfer dans un lieu souterrain, où les méchants sont punis par le feu. Cette opinion avait été confirmée parmi eux depuis quelques années, par l’arrivée d’une vieille sorcière, qui faisait des récits fort étranges de l’enfer. Elle y avait vu, disait-elle, plusieurs personnes de sa connaissance, et, particulièrement, l’ancien ministre du roi, qui y était cruellement tourmenté. » Hist. génér. des Voyages, tome IV, page 301.