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INTRODUCTION.

l’âme et dans les abîmes du cœur, n’observa mieux et ne peignit avec plus de vérité la nature, ne fut à la fois plus riche et plus concis. Si l’on peut lui reprocher des métaphores moins hardies qu’étranges, des bizarreries que réprouve le goût, presque toujours, comme nous l’avons dit, elles proviennent des efforts qu’il fait pour cacher un sens sous un autre sens, pour éveiller par un seul mot des idées différentes et parfois disparates. Ces fautes contre le goût, qui ne se forme qu’après une longue culture chez les peuples dont la langue est fixée, sont d’ailleurs communes à tous les poëtes par qui commence une ère nouvelle. Ce sont, dans les œuvres de génie, les tâches dont parle Horace :


Ubi plura nitent in carmine, non ego paucis
Offendar maculis.


Elles ressemblent à l’ombre de ces nuages légers qui passent sur des campagnes splendides.

Lorsque après l’hiver de la barbarie le printemps renaît, qu’aux rayons du soleil interne qui éclaire et réchauffe, et ranime les âmes engourdies dans de froides ombres, la poésie refleurit, ses premières fleurs ont un éclat et un parfum qu’on ne retrouve plus en celles qui s’épanouissent ensuite. Les productions de l’art, moins dépendantes de l’imitation et des règles convenues, offrent quelque chose de plus