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INTRODUCTION.

universelles ; mais dans le développement des idées qui y correspondent, la raison, abusée par de fausses analogies ou égarée par d’autres causes d’erreurs, a souvent altéré les simples enseignements de la conscience native. Ainsi, glissant, à son insu même, sur la pente d’un anthropomorphisme dangereux, elle s’est représenté le souverain Être distribuant les peines et les récompenses futures, comme sur la terre les juges les distribuent par une libre détermination de leur volonté propre, arbitrairement en ce sens que la peine et la faille n’ont entre elles aucun lien nécessaire, tandis qu’en réalité elles sont liées de la même manière que la cause et l’effet, dont l’intime relation résulte de leur essence et dépend d’elle, directement et uniquement. La peine sort de la faute comme la souffrance de la maladie, selon des lois premières, immuables, qui sont les lois mêmes de la vie.

On s’est également persuadé que la peine renfermait en soi une vertu expiatrice, — en d’autres termes, que la souffrance guérit la maladie, — ce qui a conduit à cette opinion exécrable que Dieu se complaît dans la peine ou dans la souffrance de l’être puni.

De là le zèle persécuteur, de là ce débordement de cruautés infernales au moyen desquelles, chez tant de peuples, une frénétique piété a cru satisfaire à la justice divine. La législation même, imbue de cette pen-