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INTRODUCTION.

Cette dame est Mathilde, celle qui dota l’Église romaine de ses vastes possessions dans l’Italie centrale. De l’autre côté du ruisseau, Dante engage avec elle un entretien où se trouvent exposées, à propos de la terre telle qu’elle est, et telle qu’elle était avant le péché, les idées reçues alors en physique.

Cette campagne sainte, pleine de toutes semences, a en elle un fruit qui ne se cueille point ici, le fruit de l’arbre de vie. Elle est arrosée par les eaux d’une source qui se renouvelle d’elle-même, et se divise en deux fleuves appelés Léthé et Eunoé. Le premier possède une vertu qui ôte la mémoire du péché ; l’autre rend celle du bien qu’on a fait.

« Les antiques poëtes qui chantèrent l’âge d’or et ses félicités sur le Parnasse, songèrent peut-être de ce lieu.

« Innocente ici fut l’humaine racine ; ici un printemps perpétuel et toutes les sortes de fruits : ce fleuve est le Nectar dont tous parlent[1]. »

Cela dit : « chantant comme une femme éprise d’amour : Beati quorum tecta sunt peccata[2], »

« Elle se mut remontant le fleuve le long de la rive, et moi comme elle, dit le Poëte, à petits pas suivant ses petits pas ;

« Et entre les siens et les miens il n’en était pas

  1. Purgat., ch. XXVIII, terc. 47 et 48.
  2. Heureux ceux dont les péchés ont été couverts. — Ps. XXXI.