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INTRODUCTION.

« .... Parce qu’elle (la dernière sphère) n’est point dans le lieu et n’a point de pôles, et jusqu’à elle atteint notre échelle, d’où vient qu’à ta vue elle se dérobe. Le patriarche Jacob l’a vue jadis avancer jusque-là ses degrés chargés d’anges lumineux. »

Dante, ici, censure en termes acerbes la vie de luxe et d’indolence que mènent quelques pasteurs et quelques prélats ; — il lance une invective éloquente contre la corruption des ordres monastiques.

Le Poëte, encore guidé par Béatrix, s’élève dans le huitième ciel, celui des étoiles fixes. Une fois là, sa sainte Amie lui ordonne de jeter un regard au-dessous de lui, sur l’univers dont il embrasse l’ensemble. Placé sur la constellation des Gémeaux, Dante contemple les planètes qu’il a traversées, et sourit devant la petitesse de ce globe terrestre, ce petit point qui nous rend si orgueilleux. » C’est là un des passages du poëme où le souffle puissant du génie se fait le mieux sentir. C’est une grande conception que l’immensité de l’espace, telle que Dante l’a comprise et décrite. Son regard, de la terre qu’il abandonne, se reporte sur Béatrix, dont les yeux plus que jamais resplendissent[1].

« Vois, s’écrie ce Guide céleste, le cortège triomphal du Christ, ces légions d’âmes bienheureuses, et les Splendeurs animées qui entourent la Vierge-Mère. »

  1. Poscia rivolsi gli occhi agli occhi belli.