Page:Dante - La Divine Comédie, traduction Lamennais volume 1, Didier, 1863.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
INTRODUCTION.

livré sans défense à leurs passions fougueuses que ne contenait aucune loi, que ne tempérait chez la plupart aucun sentiment de justice, aucune idée de devoir, réel ; car le serf, le manant, le vilain, étaient hors de l’humanité pour ces chrétiens, comme ils se nommaient. Si quelquefois, près de la tombe, la conscience semblait se réveiller, un couvent bâti, des legs aux églises, des dons aux prêtres, dont l’insatiable avidité pressurait le peuple de mille manières dans les villes comme dans les campagnes, apaisaient les remords de la peur.

Plus tard, l’établissement des républiques italiennes où se réveilla l’esprit de liberté, les luttes des papes et des souverains, les interminables disputes sur les limites de leur pouvoir respectif, ramenèrent à l’étude du droit. Ce fut le premier lien par lequel les sociétés nouvelles, plongées dans le double abîme de l’ignorance et des abus de la force sans règle, se rattachèrent à la civilisation antique, et en renouèrent les traditions. Elles renaquirent encore, lentement, confusément ; dans l’ordre moral, par l’influence des écrits de quelques anciens, Cicéron, Boëce, à la portée, il est vrai, d’un petit nombre ; et dans l’ordre intellectuel par l’introduction, vers l’époque des croisades, au sein des universités qui se fondaient sur le modèle des écoles d’Athènes, des monuments de la philosophie grecque traduits par les Arabes. Ce fut l’origine de la