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CHANT HUITIÈME.

33. — O mon cher Guide, qui plus de sept fois m’as rendu la sécurité, et tiré d’autres périls menaçants,

34. Ne me laisse point, dis-je, en cette détresse ; et si l’aller plus avant m’est dénié, revenons vite ensemble sur nos pas.

35. Et ce Seigneur qui m’avait conduit, me dit : « Ne crains point : nul ne peut nous fermer le passage que nous a ouvert un si grand 8.

36. « Mais attends-moi ici, et conforte et nourris d’une bonne espérance ton esprit abattu ; je ne te laisserai pas dans le monde bas. »

37. Ainsi s’en va, et là m’abandonne le doux père ; et moi je demeure en suspens, le oui et le non se combattant dans ma tête.

38. Je ne pus ouïr ce qu’il leur dit ; mais il n’eut guère été avec eux, que tous coururent préparer la défense au dedans.

39. Nos adversaires fermèrent les portes devant mon Seigneur qui resta dehors, et revint vers moi à pas lents,

40. Les yeux à terre et le front morne, soupirant il disait : « Qui m’a refusé l’entrée des demeures douloureuses ? »

41. Et il me dit : « Quoique je me courrouce, ne t’effraye point : je vaincrai dans ce combat, quelle que soit au dedans la défense.