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CHANT NEUVIÈME.

24. Brise, abat les rameaux, et les emporte au loin. Poudreux et superbe il s’avance, et fait fuir les animaux et les pasteurs.

25. Il 10 me rouvrit les yeux et dit : « Dirige maintenant ta vue sur cette antique écume, là où plus âcre est la fumée. »

26. Comme les grenouilles, devant la couleuvre ennemie, fuient à travers l’eau jusqu’à terre où chacune d’elles se ramasse en soi ;

27. Ainsi vis-je plus de mille âmes ruinées fuir devant un qui, marchant, passait le Styx à pieds secs.

28. Il éloignait de son visage cet air épais, portant souvent sa main gauche en avant, et de cette seule gêne paraissait fatigué.

29. Bien m’aperçus-je qu’il était envoyé du ciel, et je me tournai vers le Maître, et il me fit signe de garder le silence, et de m’incliner devant lui.

30. Ah ! qu’il me semblait plein de courroux ! Il vint à la porte et l’ouvrit avec une petite verge, sans que rien la retînt :

31. « O chassés du ciel, bande abjecte ! commença-t-il sur l’horrible seuil, d’où tant d’audace en vous ?

32. « Pourquoi regimbez-vous contre cette volonté qui ne saurait jamais ne pas atteindre sa fin, et a plusieurs fois accru vos angoisses ?