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CHANT VINGT-UNIÈME.

23. Avec la même fureur, avec la même impétuosité que s’élancent les chiens contre le pauvre qui soudain s’arrête et demande,

24. Ceux-là s’élancèrent de dessous le pont, et tournèrent contre lui les crocs ; mais il cria : « Qu’aucun de vous ne soit félon !

25. « Avant que votre croc me touche, qu’un de vous s’avance et m’écoute, et qu’après il me gaffe, s’il l’ose ! »

26. Tous crièrent : « Va, Malacoda [7] ! » Et, pendant que les autres s’arrêtaient, l’un d’eux, s’avançant, vint à lui, disant : « Qu’y a-t-il ? »

27. « Crois-tu, Malacoda, dit mon Maître, qu’ici je sois venu en sûreté contre toutes vos attaques,

28. « Sans le vouloir divin et le destin favorable ? Laisse-moi aller ; car au ciel il est voulu que je montre à un autre cet âpre chemin. »

29. Alors si abattu fut son orgueil, qu’il laissa tomber le croc à ses pieds, et dit aux autres : « Qu’on ne le frappe point ! »

30. Et mon Guide à moi : « O toi qui entre les roches du pont es tapi, avec assurance maintenant reviens à moi ! »

31. Lors me levant, vite je vins à lui ; et tous les diables s’avancèrent ; de sorte que je craignais qu’ils ne tinssent point le pacte.