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CHANT VINGT-DEUXIÈME.

40. O toi qui lis, tu vas entendre parler d’un jeu nouveau. Vers l’autre côté chacun tourna les yeux, et, le premier, celui à qui le plus il coûtait de le faire [13].

41. Le Navarrais prit bien son temps : il affermit les pieds à terre, et en un clin d’œil il sauta, et à leurs desseins se déroba.

42. De quoi chacun soudain fut contrit ; mais celui-là plus qui de la faute était cause. Pourtant il s’élança, criant : « Je le tiens ! »

43. Mais peu lui servit ; les ailes ne purent devancer la peur : celui-là dessous s’enfonça ; et celui-ci, volant au-dessus, dressa la poitrine,

44. Comme le canard, quand le faucon s’approche, tout à coup plonge, et lui s’en va courroucé et défait.

45. Irrité de la moquerie, Calcabrina vola derrière Alichino, désireux que l’autre échappât, pour venir aux prises [14],

46. Et quand le larron eut disparu, il tourna les griffes contre son compagnon, et sur la fosse ils s’assaillirent.

47. Mais l’autre à le griffer bien se montra épervier expert, et tous deux tombèrent dans l’étang bouillant.

48. Le feu soudain les fit se lâcher ; mais se relever ils ne pouvaient, tant leurs ailes étaient engluées.