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CHANT VINGT-QUATRIÈME.

7. Mon Guide, quand nous arrivâmes au pont rompu, s’étant tourné vers moi avec cette douce contenance qu’en lui premièrement je vis au pied du mont,

8. Il ouvrit les bras, et, après avoir un peu tenu conseil en lui-même, regardant bien d’abord la ruine, il me prit ;

9. Et comme celui qui agit avec précaution, et semble à tout penser d’avance, ainsi, me levant vers la cime

10. D’une grosse roche, et avisant un autre rocher, il me dit : « Accroche-toi ensuite à celui-là ; mais auparavant essaye s’il peut te porter. »

11. Ce n’était pas un chemin pour un vêtu de chape, lui léger, et moi poussé, pouvant à peine monter de pierre en pierre ;

12. Et n’eût été que de cette enceinte plus que de l’autre la côte était courte, lui, je ne sais, mais moi j’aurais été vaincu.

13. Mais, parce que tout le Malebolge penche vers l’entrée du plus bas puits, de chaque vallée la structure

14. Est telle, qu’une côte monte et l’autre descend : nous, cependant, nous parvînmes à l’extrémité, sur la pointe d’où la dernière pierre s’éboula.

15. Quand je fus là, mon haleine était si épuisée, que, ne pouvant aller plus loin, à cette première station je m’assis.