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CHANT VINGT-NEUVIÈME.

25. J’en vis deux assis, appuyés l’un contre l’autre, comme s’appuient des bassines à tenir chaud, et, de la tête aux pieds, souillés de croûtes.

26. Jamais je ne vis valet que son maître attend, ou celui qui mal volontiers veille, mouvoir l’étrille

27. Aussi vite que chacun de ceux-là mouvait sur soi le tranchant de ses ongles, à cause de la rage du prurit devenu insupportable :

28. Et les ongles en bas raclaient la gale, comme le couteau les écailles du scardove, ou d’un autre poisson qui en ait de plus larges.

29. « O toi ! dit mon Maître à l’un d’eux, qui te déchires avec les doigts, et parfois en fais des tenailles,

30. « Dis-nous si parmi ceux d’ici dedans est quelque Latin ; et que les ongles éternellement te suffisent à ce travail ! »

31. « — Nous sommes Latins, nous deux que tu vois si déformés, répondit l’un d’eux en pleurant. Mais toi, qui es-tu, qui t’enquiers de nous ? »

32. « — Je suis un qui descend de précipice en précipice, avec ce vivant, pour lui montrer l’Enfer. »

33. Alors, cessant de se prêter un mutuel appui, chacun d’eux, tremblant, se tourna vers moi, avec les autres vers qui la voix avait rebondi.