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INTRODUCTION.

d’un corps sacerdotal dépositaire de cette doctrine, et préposé au gouvernement de la société qui la professe, société qu’on appelle l’Église. Constitué hiérarchiquement, le sacerdoce, sous sa forme définitive, eut pour chef le pontife romain, dont la puissance, accrue par une suite d’entreprises hardies et patientes, et aussi par une conséquence logiquement rigoureuse du principe de l’institution, avait d’abord lutté avec gloire, et au bénéfice de l’humanité, contre le pouvoir temporel, qui, d’une part, tendait à tout absorber en soi, et, d’une autre part, à éteindre dans le despotisme de la force brutale et dans un matérialisme grossier tout ce qui restait de lumières et la morale même devenue le jouet de ses caprices les plus effrénés. Ce fut l’époque brillante et vraiment grande de la papauté, aidée, dans le combat à outrance qu’elle eut à soutenir, par l’infaillible instinct des peuples. Mais, selon la pente inévitable de la faiblesse humaine, après avoir arrêté les envahissements, repoussé la domination du pouvoir temporel qui aurait plongé la société dans l’abjecte servitude de la brute, elle s’efforça de se substituer à lui, de l’absorber dans son propre pouvoir, de constituer enfin une théocratie absolue, non moins destructive de la liberté, de l’homme intellectuel et moral. Alors les peuples, par le même instinct infaillible où elle avait d’abord trouvé un invincible appui, se tournèrent contre elle ;