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INTRODUCTION.

autre vue dans ses alliances, dans ses actes publics ou secrets, que de maintenir, pour se conserver, le fractionnement de la Péninsule et d’en empêcher l’unité, impossible tant qu’elle possédera la portion de territoire qui la coupe comme en deux tronçons. Elle ne servit donc pas la liberté quoiqu’elle prêtât quelquefois son appui aux États libres : elle fut même, comme l’a très-bien vu Machiavel, la cause première et principale de la servitude, aujourd’hui parvenue à son terme, de la triste Italie, qui, dans l’état de morcellement contre nature où elle la retint, ne put jamais s’élever à l’existence nationale.

Qu’on nous permette ici deux courtes réflexions utiles peut-être, à l’Italie particulièrement. Il ressort de toute son histoire que le régime libre des petits États, où la population est à la fois et très-active et très-agglomérée, manque d’un contre-poids que nécessite la liberté individuelle, qui, à cause de la facilité de l’usurpation en ces sortes d’États, a pour effet de conduire par l’anarchie à la tyrannie : et ce contrepoids nécessaire n’est autre que la liberté générale, la liberté sociale organisée dans la sphère plus large de l’unité d’un grand peuple, où la liberté de tous, par l’opposition même des intérêts divers, est à la fois la garantie et la limite infranchissable de la liberté de chacun.

L’histoire de l’Italie montre encore, ce nous semble,