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CHANT DIX-HUITIÈME.

7. L’âme, créée pour aimer, se porte vers tout ce qui plait, sitôt que le plaisir l’éveille à l’action.

8. De ce qui existe réellement votre puissance perceptive attire l’image [1] et la déploie au dedans de vous, de sorte que l’âme se tourne vers elle :

9. Et si vers elle s’étant tournée, elle s’y incline, ceci est l’amour, ceci est la nature, que le plaisir unit à vous par un nouveau lien.

10. Et comme le feu se meut en haut, en vertu de sa forme [2], qui le porte à monter là où plus il subsiste dans sa propre matière [3],

11. Ainsi, ayant perçu, l’âme entre en désir, qui est un mouvement spirituel, et jamais ne se repose qu’elle n’ait joui de l’objet aimé.

12. Tu peux maintenant voir combien la vérité est cachée a ceux qui affirment que tout amour est louable en soi.

13. Il se peut que bonne en paraisse toujours la matière ; mais tout scel n’est pas bon, bien que la cire soit bonne.

14. — Tes paroles et mon esprit qui les suit, répondis-je, m’ont découvert l’amour ; mais, de cela même naissent en moi de nouveaux doutes.

15. Car, si vient du dehors ce qui détermine l’amour, et que l’âme n’ait point d’autre moteur, qu’elle aille droit, ou qu’elle dévie, ce n’est pas son mérite.