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CHANT VINGT-QUATRIÈME.

23. Ainsi tout la gent qui était là, se tournant hâta le pas, légère par maigreur et par vouloir.

24. Et comme celui qui est las de courir, laisse aller ses compagnons et doucement va, jusqu’à ce que la poitrine ait cessé de haleter ;

25. Ainsi Forésé laissa passer le saint troupeau, et derrière moi il venait, disant : « Quand te reverrai-je ? »

26. — Je ne sais, lui répondis-je, combien j’ai à vivre ; mais ne sera, certes, mon retour si prompt que par mon vouloir plus tôt je ne sois à la rive ;

27. Car le lieu où pour vivre je fus mis, de jour en jour plus maigre de bien, parait près d’une triste ruine.

28. « Or, va ! » dit-il ; « celui à qui le plus en est la faute [10], je le vois, à la queue d’une bête, traîne vers la vallée [11] où jamais ne s’efface la coulpe :

29. « La bête à chaque pas va plus vite, et toujours plus vite, jusqu’à ce qu’elle le brise, et laisse le corps hideusement broyé.

30. « N’ont pas longtemps à tourner ces roues (et il leva les yeux au ciel), avant que te soit clair ce que plus clairement dire je ne peux.

31. « Reste, maintenant [12] ; si précieux dans ce royaume est le temps, que j’en perds trop à venir avec toi côte à côte. »