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LE PARADIS.

7. Et Béatrice dit : « Voici l’armée du Christ triomphant, et tout le fruit recueilli du mouvement de ces sphères [3]. »

8. Son visage me parut tout en feu, et d’allégresse ses yeux étaient si pleins, que je dois passer sans plus de discours [4].

9. Telle que, dans les pleines lunes sereines, Trivia [5] brille entre les Nymphes éternelles [6] qui diaprent toutes les plages du ciel,

10. Je vis, au-dessus de milliers de lampes [7], un Soleil qui les allumait toutes, comme le nôtre allume celles que nous voyons au-dessus de nous [8].

11. Et à travers la vive lumière apparaissait la splendide substance, si brillante que ma vue ne la supportait point.

12. O Béatrice, doux et cher guide ! Elle me dit : « Ce qui te vainc est une vertu à laquelle aucune ne résiste.

13. « Là est la sagesse et la puissance si longtemps désirées [9], qui ouvrirent la route entre la terre et le ciel. »

14. Comme le feu, pour se dilater, se dégage de la nue qui ne le peut contenir, et, contre sa nature, descend sur la terre ;

15. Ainsi mon esprit, agrandi au milieu de ces mets [10], sortit de soi-même, et ce qu’il devint, il ne sait le ramentevoir.