Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/124

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tournant sur moi, ils m’apportent de la consolation, et avec Celle à qui j’appartiens, ils pourchassent ma perte en se dérobant à moi. Puis je l’aime tant que je m’estime heureux d’être seulement son esclave, et mes pensers, qui cependant sont des pensers d’amour, comme à leur but tendent à son servage, tant j’éprouve avec violence le désir de m’employer pour elle. Que, — si je m’en croyais (et me laissais) faire, — en la fuyant je serais dégagé ; mais je sais que j’en mourrais.

Il est bien sincère, l’Amour qui s’est emparé de moi, et il (faut qu’il) m’étreigne bien fortement pour que je fasse pour lui ce que je dis : car nul amour n’est d’un aussi grand poids que (ne l’est) celui à qui la mort (même) est agréable pour bien servir une autre ; et dans un pareil vouloir je fus d’autant plus affermi, — lorsque le vif désir que j’éprouve eut pris naissance par le pouvoir du plaisir, — que toutes les beautés des autres se réunirent sur son beau visage. Je suis son serviteur, et, quand je pense à elle, quelle qu’elle soit, je suis satisfait de tout. L’homme peut bien servir malgré son peu d’habileté ; et si ce dévouement m’emporte nia jeunesse, je perds le temps que (doit) prendre ensuite la raison, si tant est que ma vie se soutienne jusque-là.

Quand je forme un noble désir, né du désir ardent que je porte en moi, il pousse toutes mes facultés à bien faire ; il me semble que je suis payé,