Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/126

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bonté : je te prie donc, ma douce amoureuse, de t’étudier à prendre une allure et un maintien qui te siéent. Si un cavalier t’invite ou te relient, avant qu’il dispose de toi à son gré, vois si tu peux en faire ton partisan, et si cela t’est impossible, abandonnele aussitôt. Que le bon habite toujours avec le bon Mais il arrive que souvent un autre se glisse en sa compagnie, n’ayant que le déboire de la mauvaise renommée que chacun proclame de lui. Ne s’arrêter avec les méchants ni avec intention ni avec artifice n’a jamais été savoir adopter leur parti.

Canzone, auprès des trois moins méchants de notre terre tu t’en iras, avant de te rendre ailleurs : salues-en deux, et fais que l’autre essaye de se tirer auparavant hors de cette secte mauvaise. Dis-lui que le bon n’entre pas en guerre avec le bon. Avant qu’il essaye de vaincre avec les méchants, dis-lui que celui-là est fou qui ne se retire pas par crainte de la honte (qu’inspire) la folie ; que celui-là craint, qui a peur du mal, et qu’ainsi, en évitant l’un, l’autre se guérit.