Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/131

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CANZONE V.

Exilé, il prie sa Dame de l’aider dans la peine que lui cause l’absence de la pairie.

Le cruel souvenir, qui regarde en arrière le temps qui s’en est allé, est là d’un côté livrant combat à mon cœur ; et le désir amoureux, qui m’attire vers le doux pays que j’ai laissé, me (sollicite) de l’autre côté avec la force d’Amour : et je ne sens pas en lui un courage assez grand pour qu’il puisse faire longtemps résistance, ô ma noble Dame, s’il n’en vient (à bout) par votre aide. Donc, — si, pour son salut, il vous convient d’en tenter jamais l’entreprise, — qu’il vous plaise de lui accorder votre salutation, qui est le soutien de son énergie.

Qu’il vous plaise, 6 ma Dame, de ne pas manquer à ce point au cœur qui vous aime tant… ; car de vous seule il attend son secours. Un bon maître ne serre pas le frein pour secourir son serviteur, quand (ce dernier) l’implore. Ce n’est pas lui (mon cœur), mais son honneur qu’il défend ; et certes sa peine me tourmente davantage quand je me prends à penser, ô Dame, que par la main d’Amour vous êtes