Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/158

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CANZONE IV.

Sur le peu de courtoisie et de verlu des jeunes gens de son lemps.

Puisque Amour m’a absolument abandonné, — non pour mon agrément, car je n’étais pas dans un état si joyeux, mais parce qu’il (Amour) fut tellement apitoyé sur mon cœur qu’il ne put s’empêcher d’écouter sa plainte, — (pour cela) je chanterai, ainsi dépouillé d’amour, contre cette erreur née en nous (et consistant) à désigner à contre-sens telle chose, qui est vile et ennuyeuse, sous le nom de mérite…, c’est-à-dire de courtoisie, laquelle est si belle qu’elle rend digne du manteau impérial celui en qui elle règne. Elle est un sincère indice, lequel montre où demeure la vertu ; c’est pourquoi, si je la défends bien dans mon dire comme je l’entends, je suis certain qu’Amour, pour elle, me fera grâce encore.

Il y en a qui, en dissipant leur fortune, croient atteindre à la valeur où se tiennent les bons, et qui, (pour) au delà de la mort, inspirent de la sécurité à l’esprit de tous ceux qu’ils connaissent. Mais leur mission ne peut plaire aux bons, parce que leur puissance (des bons) est dans le savoir, et qu’ils éviteraient le préjudice qui se joint à l’erreur d’eux