Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/32

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Cet intervalle de cinq siècles et demi, qui sépare Dante de nous, laisse assez volontiers supposer un changement de goûts, de mœurs et d’idées… et le fil en a-l-il été assez soigneusement conservé pour que, de lemps à autre, on ne puisse pas y reconnaître quelques ruptures ? Bienheureux celui qui reconstruirait les lemps passés, de manière à en retroiver l’air et la température, à en revoir, pour ainsi dire, voltiger tous les atomes ! — II y a peut-être bien là dedans la source d’une autre difficulté.

De ces deux premières choses on conviendra qu’il doit résulter, pour le texte de Dante, une certaine atmosphère obscure, et que l’à-propos de plusieurs expressions peut échapper à la sagacité d’un premier traducteur. — Eh bien, si à ces causes involontaires d’obscurité, si à des expressions surannées et à des allusions nombreuses aux choses et aux personnes de son temps, on ajoute l’obscurité volontaire et cherchée dont le discret amant de Béatrice et le fougueux Gibelin entourait la plupart de ses pièces, on arrivera facilement à comprendre que l’esprit ait parfois hésité devant le sens, que le sens ait parfois échappé, ou au moins qu’il ne