Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/34

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et il doit y en avoir plus d’une, — nous avons droit à quelque peu d’indulgence.

Notre entreprise, dans le fond, ne peut être que louable. Quel reproche peut-on adresser à celui qui, se sentant pris de belle passion pour un texte inconnu, travaille tant, el fait tant d’efforts qu’il arrive à en débrouiller… nous ne dirons pas le tout, mais seulement une partie ? Dante vaut, certes, bien qu’on le connaisse, et, lions l’avons dit, quand la curiosité seule s’en mêlerait, chacun devra avoir envie de lire ce livre. Si, par intervalles, quelques pièces un peu arides s’y montrent, pièces où la philosophie et l’allégorie viennent prendre la place des dires d’Amour, en revanche que de sonnets gracieux, de fraîches ballades, de délicieuses canzones ! Quelle suave atmosphère circule dans tous ces vers parlant de Béatrice ! Quelle expression neuve, souple et chaleureuse, juste et forte en même temps, tout à la fois incisive et aimante, et puissante jusque dans la délicatesse el la grâce ! A travers l’énergie de ce style, on voit percer tout entière l’énergie de l’homme, et ce qui, chez les autres, sert de thème à des peintures molles et langoureuses, chez lui s’incarne