Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/71

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ma vie, depuis que ma Dame s’en est allée dans le siècle nouveau, qu’il n’est langue qui sache le dire. Et pour cela, 6 mes dames, quand je le voudrais, je ne saurais bien vous dire quel je suis, tant la vie amère me donne de tourment, cette vie si attristée qu’il me semble que tout homme, en voyant mes lèvres pâles, me dit : « Je t’abandonne. » Mais quel que je sois, ma Dame le voit, et j’espère encore d’elle quelque récompense.

O ma triste Canzone ! va maintenant tout en pleurs ; retrouve les dames et les demoiselles à qui tes sœurs étaient dans l’usage de porter la joie : et toi, fille de la tristesse, va-t’en, inconsolable, et reste avec elles.

SONNET XVI.

Composé à la demande du plus proche parent de Béatrice, ami de Dante.

Venez entendre mes soupirs, ô nobles cœurs, la pitié le demande ; ces soupirs inconsolables sortent enfin (de ma poitrine), sans quoi je mourrais de douleur,

Puisque mes yeux refusent plus souvent que je ne