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pas le despote du conseil. Roland protégeait Noël ; l’ex-marquis Chauvelin disait que Noël était un trembleur et qu’ils se balanceraient l’un l’autre avec Merger, jeune homme de dix-huit ans, qui était mon parent.

J’ai présenté à la Convention nationale Fabre comme un homme adroit, j’ai annoncé Fabre comme l’auteur du Philinte et réunissant des talents. J’ai dit qu’un prince du sang, comme d’Orléans, placé au milieu des représentants du peuple, leur donnerait plus d’importance aux yeux de l’Europe.

Le fait est faux : il n’a d’importance que celle qu’on a voulu lui donner. Je vais rétablir ce fait dans son intégrité. Robespierre disait : Demandez à Danton pourquoi il a fait nommer d’Orléans : il serait plaisant de le voir figurer dans la Convention comme suppléant.

Un juré observe que d’Orléans était désigné comme devant être nommé le vingt-quatrième suppléant, et qu’il le fut effectivement dans cet ordre de rang.

Danton poursuit : On m’a déposé cinquante millions, je l’avoue ; j’offre d’en rendre un fidèle compte : c’était pour donner de l’impulsion à la Révolution.

Le témoin Cambon déclare avoir connaissance qu’il a été donné 400, 000 liv. à Danton pour dépenses secrètes et autres, et qu’il a remis 130, 000 liv. en numéraire.

Réponse. — J’ai dépensé, à bureau ouvert, 200, 000 liv. Ces fonds ont été les leviers avec lesquels j’ai électrisé les départements. J’ai donné 6, 000 liv. à Billaud-Varennes, et m’en suis rapporté à lui.

J’ai laissé Fabre à la disponibilité de toutes les sommes dont un secrétaire peut avoir besoin pour déployer toute son âme ; et en cela je n’ai rien fait que de licite.

On m’accuse d’avoir donné des ordres pour sauver Duport à la faveur d’une émeute concertée à Melun, par mes émissaires, pour fouiller une voiture d’armes.

Je réponds que le fait est de toute fausseté, et que j’ai donné les ordres les plus précis pour arrêter Duport, et j’invoque à cet égard, Panis et Duplain.

Ce fait pourrait regarder Marat plutôt que moi, puisqu’il a produit une pièce ayant pour objet de sauver Duport, qui a voulu m’assassiner avec Lameth : le jugement criminel des relations existe ; mais je n’ai pas voulu suivre cette affaire, parce que je n’avais pas la preuve acquise de l’assassinat prémédité contre moi.