Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/116

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religion nous en fait un devoir, mais il faut se montrer sans pitié…

Et se tournant vers Palet qui n’a pas bougé, collé contre le mur, la tête renversée en arrière, les bras pendant le long du corps :

— Vous entendez : sans pitié ! Je suis décidé à me montrer sans pitié !

Palet ne bronche pas. On dirait que ça lui est égal. Il n’a pas seulement l’air de s’apercevoir que c’est à lui qu’on fait l’honneur de parler.

Le capitaine se retourne, rageant à blanc, vers les hommes à peu près valides :

— Ceux-là se portent bien, n’est-ce pas, monsieur Dusaule ? Oui…, oui…, ils ont assez bonne mine…. ils ont besoin de se nettoyer un peu…, mais… Ah ! qu’est-ce que c’est que ces bâtons que j’aperçois là-bas ? Voulez-vous me jeter ça !… et un peu vite ! En voilà des façons ! Des soldats qui se promènent la canne à la main ! Qu’est-ce que votre famille dirait, si elle vous voyait ? Elle serait fière de vous, vraiment !… Vous avez grand tort, lieutenant, d’autoriser ces choses-là… Allons, vous, là-bas, le dernier, vous qui claquez des dents, m’avez-vous entendu ? Voulez-vous jeter ce bâton ?

L’homme jette le bâton et tombe sur les genoux.

— Voyez-vous, monsieur Dusaule, voyez-vous les effets de l’usage de la canne ? On s’y habitue, on ne peut pas s’en passer et, quand on vous la retire on tombe par terre… Réellement, vous n’êtes pas assez sévère… Je suis très mécontent…


Nous devons partir après-demain matin pour le Sud. À la pointe du jour, un train spécial doit venir cher-